Ce matin d’Octobre, Cédric et moi-même avons rendez-vous avec Didier Gouraud, Président de la Chambre des métiers et de l’artisanat Nouvelle Aquitaine – Section Dordogne pour faire son portrait : parcours, engagement et questions plus informelles pour apporter un peu de légèreté à une époque qui en manque cruellement.
Mais c’est mal connaître le bonhomme aux bacchantes captivantes, il s’empare littéralement de cette rencontre et mène tambour battant le récit d’une vie, les enjeux et les appréhensions liées à la flambée des prix dont les artisans sont la cible.
Enfant du pays un jour, enfant du pays toujours
Enfant, il fréquente l’école de Nontron jusqu’à ses 15 ans puis part en école de boucherie à Limoges durant 2 ans. La vocation est là : il sera artisan boucher. S’en suivent 2 ans, à Paris, pour obtenir son Brevet Professionnel ; avant de revenir au pays pour travailler dans un supermarché en tant que chef de rayon (Cf. Disque Bleu). C’est à 24 ans que Didier Gouraud décide de se mettre à son compte. D’abord, il officie à Champagnac-de-Belair puis Javerlac et finit par s’installer -dans son village natal – à Saint Pardoux-la-Rivière, où sa femme est maire- et s’associe à son fils : la boucle est bouclée et la viande bien débitée.
L’engagement comme fer de lance
A l’écouter parler nous comprenons vite pourquoi l’homme a été réelu à la présidence de la CMA Nouvelle-Aquitaine – Section Dordogne, en Octobre 2021. Outre sa sympathie évidente, son engagement se compte autant en nombre de rôles endossés qu’en actions déployées.
Jugez plutôt : 22 ans à la présidence des Bouchers de la Dordogne, Président des Bouchers d’Aquitaine et vice Président National des Bouchers. En 1993, il entre à la CMA en tant qu’élu puis en devient Président en 2016. Il sera même Président Régional Nouvelle Aquitaine d’INTERBEV afin d’en représenter la filière bovine : la boucle est bouclée et les artisans bien représentés.
Adepte du mouvement locavore
« Je suis là pour représenter et défendre les intérêts des artisans, tout en mettant en place des actions pour les valoriser. » S’en suit une rafale de chiffres qui nous fait comprendre combien l’homme maîtrise son sujet : « (…)16 000 artisans composent aujourd’hui le paysage de la Dordogne créant une population de 40 000 personnes, soit 1 personne sur 10 qui est directement liée au secteur de l’artisanat.» Des actions sont menées pour soutenir ces hommes et ces femmes de terrain comme par exemple : Artisans Gourmands, une marque qui prône le fabriqué maison, le service de proximité, l’innovation et la transmission. Cette marque, inventée en Dordogne, s’est par la suite régionalisée : la boucle est bouclée et le locavorisme affiché.
La bataille de la crise énergétique
Aujourd’hui, les artisans de Dordogne et de France font face à une crise énergétique de grande ampleur. Le regard de Didier Gouraud s’assombrit bien qu’il soit prêt à livrer bataille. Il sait qu’il va devoir affronter vents et marées et que la mutation globale qui les attend : changement climatique, coût de l’énergie et des matières premières… sont autant de dossiers qu’il va devoir faire remonter, au plus hautes instances, afin de trouver des solutions pérennes à la survie de ces compagnons.
Place aux jeunes
Heureusement la relève est là et c’est avec une certaine fierté que Didier Gouraud évoque le CFA des métiers de Boulazac : 1er CFA des métiers en Dordogne avec 1000 apprenants. Certaines parties du Campus ont été mutualisées avec les Ecoles CCID pour le confort et l’aisance des apprenants. On y enseigne les métiers de bouche, la mécanique, la coiffure, l’électricité, la sculpture sur bois, la marqueterie et l’ébénisterie. La boucle est bouclée et la relève assurée.
« Courage, adaptabilité et persévérance sont les 3 qualités qu’il faut à un artisan » nous confie le président de la CMA qui s’éloigne, en nous remerciant. Il est déjà dans son rendez-vous d’après : préparer la conférence de presse pour alerter sur la crise énergétique que les artisans rencontrent. Un homme qui avance, un président qui prend les devants.